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Sommaire
  1. PériMaths
  2. Et Victor H?
  3. Victor H, Epilogue

Ce que dit la bouche d'ombre.

La science est avant tout, et étymologiquement,cette volonté de savoir de l'homme.

Je me souviens avec émotion, de la remise en question des théories de l'évolution de certains de mes élèves de Meknès:

Au delà de l'intoxication théologique, Victor Hugo positionne, lui,  sa réflexion au voisinage de cette confusion.

Ce que dit la bouche d'ombre explicite son point de vue sur ce monde qu'il se décide à éclaircir de son regard aujourd'hui prophétique; la mode actuelle est à la méfiance, ou à la défiance devant tout esquisse de scientisme. Et tout ce qui est scientifiique a du mal à se dissocier de la dynamique, soit disant avérée humanicide, de la technologie.

Ce que dit la bouche d'ombre, dixit V.H:

Homme, tu veux, tu fais, tu construis et tu fondes,
Et tu dis : — Je suis seul, car je suis le penseur.
L’univers n’a que moi dans sa morne épaisseur.
En deçà, c’est la nuit ; au-delà, c’est le rêve.
L’idéal est un œil que la science crève.
C’est moi qui suis la fin et qui suis le sommet. —
Voyons ; observes-tu le bœuf qui se soumet ?
Écoutes-tu le bruit de ton pas sur les marbres ?
Interroges-tu l’onde ? et, quand tu vois des arbres,
Parles-tu quelquefois à ces religieux ?
Comme sur le versant d’un mont prodigieux,
Vaste mêlée aux bruits confus, du fond de l’ombre,
Tu vois monter à toi la création sombre.
Le rocher est plus loin, l’animal est plus près.
Comme le faîte altier et vivant, tu parais !
Mais, dis, crois-tu que l’être illogique nous trompe ?
L’échelle que tu vois, crois-tu qu’elle se rompe ?
Crois-tu, toi dont les sens d’en haut sont éclairés,
Que la création qui, lente et par degrés,
S’élève à la lumière, et, dans sa marche entière,
Fait de plus de clarté luire moins de matière

Et mêle plus d’instincts au monstre décroissant,
Crois-tu que cette vie énorme, remplissant
De souffles le feuillage et de lueurs la tête,
Qui va du roc à l’arbre et de l’arbre à la bête,
Et de la pierre à toi monte insensiblement,
S’arrête sur l’abîme à l’homme, escarpement ?


Je me souviens de ce poème, lu aux détours de certines pages de l'anthologie poétique de Pompidou...

Je  n'en ai jamais rien compris, je l'avoue.

Mais le propre de V.H est de lancer la réflexion. Encore aujourd'hui, je suis déconcerté, admiratif, mais jamais d'accord.

Ce que dit la bouche d'ombre est néanmoins d'une évidence actualité.

Bien sûr, ce siècle n'a plus rien de religieux, mais les questions esquissées restent simplement contemporaines.

De lui à nous, qu'un autre accepte l'entremise, dirait Vigny. Victor Hugo en aurait été satisfait.